Paternalisme Ordinaire par Dame Gabrielle


Je lève le doigt à coté de ceux qui dressent le poing. Où comment poser la question nègre sans insulter personne ! Et ma mère s’étonne quand ma verve détonne sans déteindre à propos de ma race ordurière et pas peu fière. Ma blanchitude s’autorise tant de certitudes légitimées par une vision éthno-centrée. En conséquence de quoi et je pourrais le dire en patois mon héritage français a franchement besoin d’être défrancisé. C’est qu’on n’est pas aidé. Y a qu’à feuilleter nos manuels scolaires pour apprécier le déni volontaire à la faveur d’un paternalisme ordinaire. Il était une fois l’Histoire glorieuse de conquêtes au son creux des trompettes, au sens crasseux et malhonnête. Le projet colonial écorne les pages mais pas la morale au chapitre mission civilisatrice, nous dit l’institutrice. De quoi nous en rendre compte au musée des Arts primitifs, massacrés et disparues. De quoi en être convaincu ! A force de lectures et calculs révisés, à force d’avoir été trompée, je peine à réciter l’horreur philanthropique, à dénombrer les mystificateurs nostalgiques. Alors je trace le contraste entre ma honte et leur orgueil, le compas dans l’œil. Encerclée par des archives sous scellés. Sans chercher à être pardonnée quand ils refusent de s’excuser. Et rien n’est réglé ni ne peut être comblé par un pont, une route ou toute infrastructure servant au fin fond à dépouilleur leurs minerais et culture. Africa is future. A la grâce de ceux qui se dédouanent de tout exporter à grand renfort d’argument d’autorité et de circonstance. Ma douce France, bienfaitrice et positiviste qui se donne la responsabilité d’exproprier et tout diriger. Au nom d’une pure rationalité empirique déguisée en le pire des prétextes d’utilité publique. Qui l’objecte et jette la craie, n’a rien compris à la modernité, m’explique pépé. Et ça se complique quand il n’est pas perplexe face aux réflexes, aux révérences faites au blanc. Quand l’ignorance a du bon. Y a bon patron ! Ça en fera toujours marrer et combien s’en réclame jusqu’à l’illustrer sur bandes dessinées ou avec une banane. Ça se déguste comme des coups de ceinture sur le buste, comme le goût d’une indépendance de mauvaise facture. Il a suffit de la troquer contre un drapeau, une carte d’identité et des héros exécutés. Tout ça dans un parfait accord paraphé avec nos stylos tricolores. On apprécie le savoir-faire et le tracé des frontières fait à l’équerre. A la croisée de leur intérêt se dessine un modèle économique inédit avec ou sans conflit ; un remix entre libre échange et parti unique. Vivent les dynasties démocratiques. Ça donne une idée de la souveraineté toujours sous tutelle généreuse, mon général. Ça mesure et sonde la stabilité au nombre d’ONG déployées. Difficile de se satisfaire d’un revers progressiste aux bons sentiments universalistes. Du coup, je les écoute sans gène chanter l’unité africaine en réponse aux afro-pessimistes. Voir j’insiste et réplique avec un hymne à la joie pédagogique. Je cherche l’embrouille à l’envie et innove avec une ratatouille au curry.



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