Synopsis

Le jasmin et la boue...
Rescapé de la terrible boucherie de 14-18, Mourad Ben Slimane est de retour dans son village de Saint-Arnaud, non loin de Constantine. Il boite légèrement et porte encore au bras un pansement qu’il doit changer régulièrement. Dans sa poche, il garde précieusement un mouchoir renfermant du jasmin séché que lui avait donné son ami Alouache lorsqu’ils débarquèrent en France. Celui-ci lui avait dit ces quelques mots : « Prends ce jasmin, mon frère ! Il te portera chance et tu penseras au pays quand tu te sentiras seul… »
Soudain, il sursaute lorsque l’infirmière hurle son nom tandis qu’il observe les restes de ce présent. L’infirmière qui le soigne le questionne car elle a remarqué que Mourad ne cesse de regarder son mouchoir à chaque fois qu’il attend son tour dans le couloir. Mourad commence à raconter le récit de sa guerre et de celle de ses frères d’arme, dont Alouache. Incorporé dans le fameux 11e Régiment de Tirailleurs de Constantine, dès la déclaration de guerre, le 3 Août 1914, il rejoint son unité en France…
Une fois le bandage changé, un autre blessé le remplace (dans le couloir, il y en a plusieurs encore plus amochés que Mourad)… En sortant, il rejoint un jeune garçon (c’est un cousin d’Alouache) qui le questionne sur la guerre : Mourad commence à évoquer son aventure et celle de son ami… Le régiment est envoyé en direction de la Marne lors de la retraite des IIIe et IVe armées.
Mourad va ainsi raconter le début de la guerre à diverses personnes mais pas forcément dans l’ordre chronologique. Il aborde surtout les détails de la vie de tous les jours sur le front, où les officiers sont quasi absents : c’est une plongée dans l’horreur des tranchées mais du point de vue de Mourad, d’Alouache et d’autres Poilus inconnus. 
Le 11e RTA participe à toutes les grandes offensives (Mourad en parle avec ces mots) : bataille de la Marne du 5 au 13 Septembre, bataille des Flandres le 12 novembre, le 28 janvier 1915 son régiment est posté sur la Grande Dune de Nieuport dans les Flandres. Alouache Ahmed Saïd Ben Hadj est rapidement promu au grade de sergent-chef. Le 9 mai 1915, l'offensive d'Artois sur « la côte 140 », située sur la crête de Vimy est un véritable carnage. Puis le 25 septembre 1915, la Champagne et la Butte de Souains, le Bois Sabot : les obus allemands pleuvent sur les soldats français et les mitrailleuses fauchent sans distinction tous les assaillants.
Bataille de la Somme commencée le 4 Juillet 1916, à Belloy-en-Santerre : Alouache Ahmed Saïd Ben Hadj y est gazé, ses yeux sont touchés. Mourad parle seul devant une tombe (c’est celle d’un Marabout)… Il fait nuit, une bougie est allumée devant lui.
Il continue de parler : Alouache est soigné à l’arrière du front, son unité continue sans relâche à combattre. Il écrit à son frère Saïd Ben Achour Ben Mohammed, sous-officier également, les quelques mots qui suivent : « Je croyais bien que je ne te reverrais plus »… Mourad croise Saïd dans une tranchée qui lui montre ladite lettre.
Alouache rejoint son régiment, il retrouve ses amis pour de nouvelles opérations militaires : le 17 Avril 1917, bataille du Mont-sans-nom à Auberives puis Verdun. Mourad commence à parler de Verdun devant l’assemblée du village car ce nom évoque l’horreur pour tous les rescapés et les familles qui ont perdu un proche durant cette guerre.
Villers-Bretonneux, Bois du Hanguard, le 26 Avril, Montagne de Paris, Missy-aux-Bois, Chaudun les 29 Mai et 1er juin 1917, Amblény le 12 juin, Saint-Pierre-l'Aigle, Daumiers et Chaudun à nouveau le 18 Juillet. Alouache Ahmed Said Ben Hadj est gravement blessé au combat, Mourad également. Mourad est présent lorsqu’un officiel Français vient remettre le carnet militaire à la veuve et les papiers à remplir pour demander une pension. Le carnet est maculé de sang…

 Présentation du projet 

En nous basant sur les parcours d’Alouache Ahmed Saïd Ben Hadj et de Saïd Ben Achour Ben Mohammed, nous raconterons tout d’abord une histoire d’hommes, des poilus qui ont combattu dans les tranchées, loin de chez eux, pour une Mère Patrie que la plupart ne connaissaient pas avant d’arriver sur le sol de France. À travers ces deux soldats, nous pourrons évoquer le rôle et la place des combattants indigènes dans l’armée française avec l’idée de montrer et surtout de raconter des histoires personnelles (exclusivement fictives) avec un arrière-plan réel et historique, celui de la Première guerre mondiale.
 Mort au combat, à Amblény, le 20 juillet 1918, lors d'une bataille qui débuta le 12 juin, Alouache Ahmed Saïd Ben Hadj fut gravement blessé avant de succomber. Il a été enterré à la nécropole « Bois Roger », dans l'Aisne : tombe K 33. L'armée française a envoyé à son épouse Louldja son livret militaire taché de sang. Elle est décédée de chagrin deux mois après la disparition de son mari.
 Les dossiers à la fin de chaque tome permettront de revenir sur cette période et de créer un lien entre la fiction (bande dessinée) et l’Histoire (le rôle et la place des Indigènes durant la guerre de 14-18). Nous complèterons cela avec un site web afin de créer une interactivité et un support visuel nécessaire pour aider les lecteurs à approfondir cette question.


L’histoire du Régiment
 Alouache Ahmed Saïd Ben Hadj est né en 1884 à Saint-Arnaud, commune de Constantine. En 1912, il est incorporé dans l'armée française. A-t-il eu le choix ? Etait-ce un travail comme un autre ? On ne peut répondre à ces questions.
Il faisait partie du premier recensement militaire et s’est retrouvé dans le fameux 11e Régiment de Tirailleurs de Constantine. Celui-ci fut créé à Constantine par ordonnance Royale en 1841. Héritiers des anciens Turcos, ce régiment a participé à tous les conflits ayant impliqué l’armée française.
Dès la déclaration de guerre, le 3 Août 1914, il rejoint son unité en France. Celle-ci est envoyée en direction de la Marne lors de la retraite des IIIe et IVe armées. Son régiment participe à toutes les grandes offensives :
  • Bataille de la Marne du 5 au 13 Septembre à la bataille des Flandres le 12 Novembre.
  • Le 28 janvier 1915, son régiment est posté sur la Grande Dune de Nieuport dans les Flandres. Alouache Ahmed Saïd Ben Hadj est rapidement promu au grade de sergent-chef.
  • Le 9 mai 1915, l'offensive d'Artois sur « la côte 140 » située sur la crête de Vimy est un véritable carnage.
  • Le 25 Septembre 1915, la Champagne et la Butte de Souains, le Bois Sabot : les obus allemands pleuvent sur les soldats français et les mitrailleuses fauchent sans distinction tous les assaillants.
  • Lors de la bataille de la Somme commencée le 4 Juillet 1916, à Belloy-en-Santerre, Alouache Ahmed Saïd Ben Hadj est gazé, ses yeux sont gravement atteints. Il écrit à son frère Saïd Ben Achour Ben Mohammed, sous-officier également, les quelques mots qui suivent : « Je croyais bien que je ne te reverrais plus ».
 Tandis qu’il est soigné à l’arrière du front, son unité continue sans relâche à combattre et entonner le chant des Africains. Soigné, il retrouve son régiment dans de nouvelles opérations militaires :
·        Le 17 Avril 1917, bataille du Mont-sans-nom à Auberives
·        Verdun.
·        Villers-Bretonneux.
·        Bois du Hanguard, le 26 Avril.
·        Montagne de Paris, Missy-aux-Bois, Chaudun les 29 Mai et 1er juin 1917.
·        Amblény le 12 juin, Saint-Pierre-l'Aigle, Daumiers et Chaudun à nouveau le 18 Juillet.
Alouache Ahmed Said Ben Hadj est gravement blessé au combat. Son acte de décès indique : « tué à l'ennemi, décès fixé au 20 Juillet 1918 ».
  

Le 7e RTA
Le drapeau du 11e Régiment des Tirailleurs Algériens porte l'inscription de tous ces faits d'arme : Artois 1915, Champagne 1915, Verdun 1915, Soissonnais 1918, Picardie 1918, l'Aisne 1918, Levant 1920-1921, Maroc 1925-1926... Il arbore aussi la Légion d'Honneur et la Croix de Guerre 1914-1918 avec 6 palmes et 1 étoile de vermeil, la Croix de Guerre de 1939-1945 avec 3 palmes, la Croix de Guerre des Théâtres d'opérations Extérieures ainsi que le Mérite Militaire Chérifien. Il a été le premier régiment indigène à recevoir la Fourragère à la couleur du ruban de la Croix de la Légion d'Honneur de 1914-1918.
 Il faut aussi souligner le rôle de ce régiment dans les guerres précédant 14-18, comme en Crimée 1854, en Italie en 1859 où, suite à cette campagne, le Régiment fut nommé dans la garde Impériale, au Sénégal 1860, au Mexique pour la bataille de San Lorenzo en 1862-1867 pour laquelle il a reçu la Légion d'Honneur... En 1867, les Tirailleurs Algériens de la Garde Impériale ont eu le privilège de défiler à Longchamp devant le Tsar de Russie et le Roi de Prusse en visite à Paris. En 1870, à la bataille de Wissembourg, 7000 Tirailleurs Algériens se sont battus jusqu'à la mort devant 80000 Prussiens.
La devise du régiment : La Victoire ou la Mort.